Né le 4 octobre 1913 à Paris, c'est à l'age de 7 ans que Roger Lafond commence la boxe française dans les cafés du Perreux sur marne avec son père, Eugène Lafond (3ème aux championnats du monde de 1909), lui-même professeur de boxe et d'escrime.
Son grand-père Eugène Lafond (1er du nom) était lui-même prévôt d'armes en 1882 et compagnon du tour de France (il fût le chef d'équipe de la construction de la charpente de la bastille pour l'exposition universelle de 1889). C'est dire si la boxe est une histoire de famille !
A l'age de 14 ans, il entre à l'école d'escrime du Perreux, mais après avoir cassé trois lames son père ne pourra plus suivre financièrement. Il reviendra à l'escrime plus tard.
Il fera ensuite son service militaire et entame une carrière en tant que caporal-chef grâce à une préparation militaire, ce qui lui permet de rejoindre la prestigieuse école de Joinville (aujourd'hui l'INSEP) en 1937. Il y devient moniteur et prévôt d'arme comme son grand-père mais... en 1939, la guerre est là.
Il est contraint de rejoindre Verdun où il sera fait prisonnier. C'est alors que dans le camp il entend le cliquetis de deux escrimeurs ayant trouvé deux fleurets dans une cave. Il se présente à eux et leur donne un cours d'escrime et de self-défense.
Etonnés par le rassemblement créé, les Allemands ordonnent le retour des armes. Malgré cela, Roger Lafond montera un cours dans le camp avec des armes de fortune.
Intrigués, les Allemands désirent y assister et prendre des cours. Roger Lafond refuse. Suite à ce refus, il est envoyé, dès le lendemain, en Allemagne où il écopera de 21 jours de cellule disciplinaire à Alten Grabaü. Il y restera prisonnier pendant 5 ans en Allemagne.
Au cours d'une promenade, Roger Lafond propose à un autre prisonnier de faire de la culture physique pour passer le temps, celui-ci accepte avec joie. C'est ainsi que Roger Lafond monte un cours "sauvage" de boxe et d'escrime avec des branches de sapin ramassées lors de corvées de bois.
Certains allemands bienveillants acceptent l'idée et "légalisent" la pratique sportive au sein du camp. Roger Lafond sera même nommé "Sportfürer" du camp, ce qui lui évitera les travaux forcés, mais cela ne l'empêchera pas de s'adonner au sabotage organisé avec ses collègues ! Ils monteront ainsi un stade quasi-olympique au sein du camp en récupérant du bois de sapin.
Roger Lafond enseignera les sports de combats durant toute sa captivité et élaborera ainsi sa méthode.
De retour il créera son arme absolue : LE PANACHE , de la devise des joinvillais "Le panache est au vainqueur". Il réalisera aussi ses rêves, à savoir enseigner les sports de combats et monter sa propre plage équipée dans le calvados à Merville-Franceville qu'il entretiendra tous les étés durant quarante ans aux cours desquels il réalisera sept sauvetages en mer avec son fils Jean et son frère Raymond Lafond.
Roger Lafond : Une carrière impressionnante !
Gant de Platine Maître d'Epée - Prévost d'Armes (1938)
Ancien Moniteur à l'école Polytechnique et à l'école Stanislas (1946) - Moniteur à l'école de Joinville de 1937 à 1939
Prisonnier de guerre de 1940 à 1945 - Chargé des sports à Verdun - Refus signifié de donner des cours aux Allemands - Expédié en Allemagne au Camps Disciplinaire - Stalag XI B - Chargé des sports aux prisonniers: Foot, Rugby, Basket, Volley,Escrime, Boxe Anglaise et Française...
Maitre Roger LAFOND s'est éteint le 8 Avril 2011 au Perreux-sur-Marne à l'âge de 97 ans
Même si elle n’est pas pratiquée dans notre club, elle est à la base de toute la méthode mise au point par Maître Lafond : la canne est une escrime, tout comme le bâton et la savate qui est une escrime des pieds et des poings.
L’escrime telle que la pratiquait Maître Lafond est celle du bataillon de Joinville. Elle contient, traditionnellement, la pratique du fleuret, de l’épée et du sabre.
Roger Lafond n’a jamais adhéré au système électrique de l’escrime de compétition moderne. Pour lui, l’escrime n’a pas pour but de toucher à tout prix. Encore faut-il savoir se protéger ! Ainsi, il déplorait la pratique actuelle de l’escrime dans laquelle il n’y a plus le «sentiment du fer» ni le souci de la belle technique. On simplifie tout, alors qu’il y a tellement de techniques à utiliser !
Economie de mouvement, simplicité du geste, maîtrise de la distance, absence d’utilisation de la force au profit de l’utilisation de la feinte, de la parade considérée comme un point d’appui, et de la maîtrise du rythme.